Les Katas

"Les katas ne sont pas quelque chose d'exceptionnel. Ce sont des exercices au même titre que les autres [...] parce qu'il ne faut pas perdre de vue que tous les exercices sont faits pour améliorer la pratique du judo" Igor Corréa, L'origine du judo.

 Littéralement, kata signifie "forme". Dans le contexte du junomichi, kata est défini par "façon de".

Les façons de réaliser des techniques de projection (nage no kata) ou les façons de réaliser des techniques de contrôle au sol (katame no kata), ...

Chaque kata propose des formes prédéfinies sur un thème de pratique. Le travail de ces thèmes contribue à la compréhension des mouvements et à l'éducation du corps pour aller vers une action juste et sincère.

On ne peut pas approcher l'étude d'une technique, d'un mouvement en le dissequant. Autrement, il deviendrait une faible succession de gestes. Pour que le mouvement et l'ensemble du kata prennent corps, ils doivent être entier comme réalisés avec une unité de corps, de temps, une unité dans la sensation des cinq principes du junomichi qui doivent s'exprimer dans le même instant, celui de la projection, du kata. Puisqu'il y a cette nécessaire unité de sensations riches et complexes, le travail des katas permet d'explorer et de comprendre des aspects de la pratique qui ne sont pas uniquement en rapport avec le thème du kata mais qui simplement y participent.

C'est peut-être ce qui donne cette sensation que le travail des katas est une source inépuisable de recherche.

Pour reprendre les mots d'un pratiquant, les katas sont "la grammaire du junomichi". Une langue vivante qui évolue dans le temps grâce à cette recherche de sincérité et d'efficacité.

Les descriptions des principaux katas présentées dans cette section sont extraites de l'ouvrage "Junomichi No Kotoba".

"Le randori no kata est constitué de la réunion de deux kata : le nage no kata et le katame no kata – le premier indiquant la façon d’exécuter les techniques de projection, et le second la façon de pratiquer les techniques de contrôle au sol. Il déploie les techniques et les formes élémentaires du junomichi, et conduit ainsi les pratiquants à exercer avec efficacité le randori. 

Ayant créé le nage no kata et le katame no kata, Jigoro Kano a encore désiré, en créant le randori no kata, exposer le lien fondamental entre le travail debout et celui au sol."

"Le koshiki no kata est hérité de l’école de jujutsu Kito ryu. Il est constitué de différentes techniques utilisées par les samouraïs au cours de l’époque médiévale et jusqu’à l’ère moderne Meiji, au milieu du XIXe siècle. Ce kata offre l’image d’un combat entre deux samouraïs au bord d’une falaise. Les deux combattants portent une armure qui les contraint à un déplacement lent et maîtrisé. À chaque attaque, l’assaillant tente de jeter l’autre dans le précipice. Le samouraï attaqué esquive et contrôle l’attaque, et amène son assaillant jusqu’au bord de la falaise, où il lui laisse la possibilité d’échapper à la chute fatale. Attaque après attaque, le danger s’accentue, jusqu’à la dernière technique, à l’issue de laquelle l’attaquant est projeté du haut de la falaise.

"Le go no sen no kata présente deux séries de six techniques de projection exécutées par Tori sur des séries d’attaques lancées par Uke. Inscrivant son action à l’intérieur de la technique de Uke, Tori prend le contrôle et projette dans la direction même de l’attaque de son partenaire. Pour Tori, parvenir à être à l’intérieur de l’attaque de Uke, c’est aussi susciter chez lui une technique précise : malgré les apparences, ce n’est pas Uke qui décide d’attaquer en o soto gari ou en de hashi barai, c’est Tori qui l’y incite. Tori prend en effet la maîtrise de la pratique dès qu’il avance son corps, avant même le kumi kata.

"Le nanatsu no kata, créé par Tokio Hirano, comporte deux séries. La première série s’appelle omote, la deuxième ura. Toutes deux comportent sept mouvements. Hirano s’est inspiré, pour développer ce kata, de la puissance de la mer et des différentes formes que celle-ci prend lorqu’elle s’écoule ou rencontre un obstacle.

"Le kime no kata comporte deux séries. La première série, idori, signifie « être là, prêt à prendre ». La deuxième série, tachi ai, signifie « être présent ». Ces deux termes sont les seules indications données pour décrire le travail de Tori, les noms des techniques utilisées à l’intérieur de ces deux séries décrivant ensuite les attaques de Uke (qui est, fait exceptionnel, armé d’un poignard et d’un sabre).

Tori esquive avec son corps les attaques successives de Uke, sans jamais chercher à les dévier de leur trajectoire initiale. Par l’exécution de cette esquive, il se place

"Le itsutsu no kata est le dernier kata créé par Jigoro Kano. C’est un kata court, épuré et d’une grande simplicité. Les cinq mouvements qui le constituent portent l’essentiel du judo originel de Kano. Par des éléments simples comme la poussée, le hissé, la spirale, le retour et l’effacement, ce kata donne au pratiquant une forme de corps basée sur la non-opposition.

L’un des aspects centraux de l’itsutsu no kata est l’efficacité des projections de Tori obtenue dans une utilisation minimale du kumi kata. Au point que Tori réalise la dernière projection sans prendre contact avec Uke."

"Le ju no kata, créé par Jigoro Kano, comporte trois séries de cinq mouvements, qui se donnent comme des «enseignements». Et en effet, ce kata, exigeant une attention au partenaire plus importante qu’à l’accoutumée, possède une dimension éducative particulière.