Le kanji kokorozashi est l’emblème du junomichi.
Son interprétation énonce le but vers lequel tendent les pratiquants. Il porte ce qui ne se dit pas sur les tatamis, un message qui dépasse la pratique particulière du junomichi.
La formule par laquelle se traduit kokorozashi pointe deux notions : intelligence du cœur et intelligence de la volonté. Ces deux pôles donnent la méthode. Ils guident le junomichika sur la voie du kokorozashi. L’intelligence du cœur est ce qui permet au junomichi d’exclure toute recherche de la force, du pouvoir ou d’un quelconque élitisme. Elle conduit à adopter une attitude humble, tant dans le rapport à l’autre que dans la pratique. L’intelligence de la volonté est la colonne vertébrale, un soutien pour l’homme et sa pratique. Elle permet la persévérance, indispensable pour s’améliorer.
La première, 士, signifie «guerrier», « samouraï », « sage » ou encore « savant ».
La deuxième, 心, peut signifier tour à tour «cœur», «âme», «esprit», «pensée».
Ces deux clés, si elles orientent la compréhension du kanji, n’en donnent toutefois pas une traduction directe : kokorozashi n’est en aucun cas traduisible par «le cœur du guerrier», par exemple. L’assemblage des deux clés compose un kanji unique, insécable, qui se traduit couramment par «vœu», «intention», «aspiration», «ambition», « dessein », « but », « fin » mais aussi « bonté », « bienveillance », « amabilité ».
Lorsqu’en 1981, Igor Correa a créé le junomichi, il a cherché un emblème capable de fédérer aussi bien par sa signification que par sa force graphique. Parmi un large choix de kanji, il eut l’intuition que le kokorozashi était ce symbole. Six ans plus tard, son intuition s’est trouvée confirmée par la lecture d’un texte de Jigorô Kanô intitulé «L’être humain doit absolument avoir un kokorozashi».
Kanô y décrit quelques manifestations possibles du kokorozashi, bonnes et mauvaises – donnant l’exemple du mauvais usage du kokorozashi par un conquérant : «Cet homme est capable de bâtir un empire grâce à son kokorozashi, mais il le bâtira sur une montagne de morts.» Jigorô Kanô insiste sur l’absolue nécessité pour l’homme d’accorder le kokorozashi aux principes «Entraide et prospérité mutuelle» et «Maximum d’efficacité, minimum d’énergie».
Lire un autre article sur le kokorozashi :Kokorozashi (2)