Cet article fait parti d'un dossier publié et accessible dans la section "LA PRATIQUE - Igor Corréa, un conseiller amical" du site internet.

L'évolution de la pratique du Judo s'est caractérisée par le développement d'écoles, des formes de Judo variées. En France, par exemple, la pratique duJudo a été marquée à partir d'octobre 1935 par l'enseignement de Mikinosuke Kawaishi. Il développe

et impose une méthode personnelle, codifiée suivant une nomenclature jugée plus conforme à l'esprit occidental et rédigera, dès 1951 Ma méthode de Judo. Egalement, c'est l'institutionnalisation de la pratique, qui au cours de différentes périodes, fera naître une diversité d'écoles de Judo

On pourrait caractériser cette première période comme une phase initiale du développement du Judo en occident consistant en la découverte (voyage de Jigoro Kano en Europe - à Paris en 1889 - et en Amérique du Nord), la promotion (démonstration de l'efficacité de la pratique), l'enseignement (notamment avec l'arrivée de Mikinosuke Kawaishi) et l'adaptation (on retrouve ici aussi l'idée de la souplesse - ju) de la pratique à la pensée occidentale. [...]

On pourrait qualifier la deuxième période comme celle du développement de la pratique du Judo en occident. Les premières ceintures noires sont décernées à partir de 1939 par Maître Kawaishi à Maurice Cottereau et Jean de Herdt (en juin 1940). Ils font partie des pionniers du Judo français (Thibaut, 1999). [...]

La troisième période est celle de la structuration et de la maturation : c'est en 1945 que l'association Française des Professeurs de Judo et Jiu-Jitsu est créée, la Fédération Française de Judo et Jujitsu l'est en 1946, puis ce sera le tour un an plus tard - en 1947 - du Collège National des Ceintures Noires (CNCN). [...]

La quatrième période pourrait être celle des tensions, des regroupements et des ruptures : l'évolution dans la pratique du Judo a amené à développer une diversité "d'écoles de Judo", reposant sur des systèmes de valeurs différents, répondant chacunes à leur façon à une interprétation des principes fondateurs du Judo. On parle alors de Judo sportif, de Judo Kodokan, de Judo traditionnel, de Judo originel... Ainsi on assiste en 1954 à la création de l'Union Fédérale Française des Amateurs de Judo Kodokan (U.F.F.A.J.K.) qui deviendra ensuite la Fédération Française des Amateurs de Judo Kodokan (F.F.A.J.K.). En 1956, la Fédération Française de Judo et Jujitsu et la Fédération Française des Amateurs de Judo Kodokan fusionnent et créent la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées (F.F.J.D.A.). En 1960, la Fédération Nationale de Judo Sportif (F.N.J.S) est créée et deviendra en 1965 la Fédération Nationale de Judo Traditionnel (F.N.J.T.). En 1971, un accord entre la FFJDA et le CNCN sera trouvé pour proposer une réunification du Judo français. 

En 1981, en retenant le terme de junomichi, un ensemble de pratiquants de Judo se donne un cadre pour la pratique et un cadre institutionnel pour développer un Judo de non-opposition. Le junomichi - qui signifie la voie douce - est une des voies proposées pour l'étude des principes du Judo.

A la suite du décès de M. Corréa en 2000, la FIAJ a réaffirmé son attachement à l'étude de la voie douce, comme démarche d'éducation physique populaire, ouverte à tous, issue des enseignements et de la pratique des arts martiaux, structurée en écoles de junomichi sous l'égide de la commission technique.

Ces quelques repères historiques montrent que la pratique du Judo n'est pas figée dans le temps et qu'elle est en perpétuelle évolution. La volonté d'universalité de Jigoro Kano concernant le Judo ne doit pas être confondue avec l'uniformité. Si les fondements sont les mêmes, la diversité des pratiques de Judo dans le monde arbore des approches culturelles variées.