Au cours de la pratique, le junomichika évolue dans son interprétation des principes et des techniques, des exercices et des exigences du junomichi. Les titres distinguent des étapes dans cette évolution. Ils manifestent la progression d’un junomichika aux yeux de l’ensemble des pratiquants. Ils sont attribués par des membres de la commission technique, réunis en jury à l’occasion d’un examen. Gakusei, deshi, hon deshi, renshi, hon renshi, kyôshi, hon kyôshi, hanshi, shihan, hontô no shihan sont les titres employés en junomichi.

Gakusei

Gakusei correspond au premier niveau de valeur. Il signifie «naître dans l’étude». Le gakusei est celui qui, tout juste dégrossi par l’apprentissage initial du junomichi, s’oriente vers une recherche autonome. Reposant désormais de moins en moins sur son professeur, il est appelé à prendre sur lui les exigences de la pratique. Pour lui commence enfin l’étude du junomichi.

Deshi

Le deshi est le frère cadet des pratiquants plus confirmés. Sa compréhension se précise, se fait plus globale : il entrevoit les différentes tâches qu’impliquent la pratique. Capable d’enseigner à de moins gradés que lui, il est appelé à remplacer occasionnellement son professeur, à se présenter à l’examen de professorat de junomichi.

Hon deshi

Le hon deshi est un pratiquant confirmé qui possède une connaissance étendue des différents exercices. Il peut assister renshi et shihan dans les cours ou les stages que ceux-ci animent. Dans ces situations, le hon deshi fait particulièrement montre de ses qualités de Uke : il possède un contrôle suffisant de son corps pour intégrer les directions de l’ensemble des techniques. Sa valeur devient visible.

Renshi

Renshi est le niveau de valeur où le souci des gestes et des repères techniques cède la place à une unité, à une certaine forme du corps. Cette assurance permet un travail plus précis sur les principes, à travers les différents exercices qu’offre le junomichi. Renshi est ce moment de l’évolution du pratiquant où s’affirme la capacité à transmettre par l’enseignement. Dans la langue japonaise, le renshi est littéralement un guerrier poli et affûté par l’exercice.

Hon renshi

Le hon renshi est un expert reconnu, engagé dans l’intensification de sa pratique de la non-opposition, de l’esquive, de la décision, du contrôle, de la mobilité. Un des instruments de cette recherche est le koshiki no kata. Le hon renshi est un roc sur lequel les pratiquants plus confirmés que lui s’appuient pour avancer dans leur recherche, qui est celle du junomichi lui-même.

 Kyôshi

Un junomichika est reconnu comme kyôshi dès lors qu’il est parvenu à s’affranchir des apparences techniques du travail. Il s’attache dès lors à trouver une forme personnelle pour ses actions et son enseignement. Kyôshi est une étape décisive dans le parcours d’un junomichika. Cette étape est marquée par le port occasionnel, au cours des cérémonies, d’une ceinture rayée rouge et blanche.

Hon kyôshi

Allant un peu plus loin encore dans l’affirmation des principes du junomichi, hon kyôshi est invité à animer des stages ou des cours exceptionnels dans d’autres dojos que le sien, pour y montrer l’originalité de sa forme, la valeur singulière de son junomichi.

Hanshi

Ayant resserré et épuré sa pratique, ayant intégré dans son corps les principes, hanshi possède la capacité d’enseigner aux professeurs. On lui confie l’animation des stages importants, et souvent la direction technique de la pratique. Il est désormais aux yeux de tous un modèle, une inspiration pour tous les pratiquants.

Shihan

Shihan entre dans une forme d’intériorité à la pratique, qui se caractérise par la spontanéité et l’intuition. Il porte le junomichi au présent, il en ouvre les pistes, il dispose la pratique pour lui-même et les autres.

Hontô no shihan

Hontô no shihan parle, pense, agit et crée en permanence de l’intérieur du junomichi, sans distance ni délai. À travers lui, la pratique, indifférente aux contingences, se déploie selon ses exigences propres. Le junomichi a connu le hontô no shihan Igor Correa : une personnalité, une personne à travers laquelle existait, s’exprimait pleinement le junomichi. En tant que hontô no shihan, Igor Correa a consacré les dernières années de sa vie à élaborer et établir l’ensemble des éléments du junomichi.